« En choisissant l’IA pour sa politique mémorielle, le gouvernement automatise un travail intellectuel »
Le 27 mai, Journée nationale de la Résistance, le gouvernement français a publié une vidéo retraçant la vie d’une résistante sous l’Occupation. Générée à l’aide d’une intelligence artificielle, elle est historiquement aberrante, se terminant notamment par une scène de la Libération où apparaît un soldat de la Wehrmacht. Critiquée pour abolir la frontière entre le vrai et le faux, elle a été retirée. Le service d’information du gouvernement avait déjà fait appel à une IA à des fins commémoratives quelques semaines plus tôt : une publication « artificielle », toujours en ligne sur TikTok, commémorait le droit de vote des femmes, figurant une France de 1945 esthétisée, sans aucune trace de la guerre, et montrant, outre d’autres incohérences, un France-Journal qui n’a jamais existé. Pour comprendre ces représentations absurdes, rappelons comment les IA génératives fonctionnent. Des jeux de données massifs sont utilisés pour leur création après une phase d’entraînement dont sont déduits des motifs statistiquement significatifs, qui servent ensuite à créer des textes, des images et des vidéos. Cette logique est probabiliste : ce sont des perroquets stochastiques, c’est-à-dire imprévisibles. Lire aussi le décryptage | Article réservé à nos abonnés Les IA, des « boîtes noires » dont les chercheurs tentent de déchiffrer le fonctionnement Les IA génératives, capables de créer des documents imitant les traces du passé, instaurent ainsi une médiation nouvelle entre nous et notre histoire, fondamentalement différente de celle opérée par les archivistes, les historiens et les historiennes. Ainsi, une requête entrée pour générer une vidéo sur une résistante française active des motifs liés à la seconde guerre mondiale : l’apparition d’un soldatde la Wehrmacht est statistiquement pertinente, mais incohérente à la Libération. LÉA GIRARDOT / LE MONDE Il vous reste 52.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
#choisissant #lia #pour #politique #mémorielle
« En choisissant l’IA pour sa politique mémorielle, le gouvernement automatise un travail intellectuel »
Le 27 mai, Journée nationale de la Résistance, le gouvernement français a publié une vidéo retraçant la vie d’une résistante sous l’Occupation. Générée à l’aide d’une intelligence artificielle, elle est historiquement aberrante, se terminant notamment par une scène de la Libération où apparaît un soldat de la Wehrmacht. Critiquée pour abolir la frontière entre le vrai et le faux, elle a été retirée. Le service d’information du gouvernement avait déjà fait appel à une IA à des fins commémoratives quelques semaines plus tôt : une publication « artificielle », toujours en ligne sur TikTok, commémorait le droit de vote des femmes, figurant une France de 1945 esthétisée, sans aucune trace de la guerre, et montrant, outre d’autres incohérences, un France-Journal qui n’a jamais existé. Pour comprendre ces représentations absurdes, rappelons comment les IA génératives fonctionnent. Des jeux de données massifs sont utilisés pour leur création après une phase d’entraînement dont sont déduits des motifs statistiquement significatifs, qui servent ensuite à créer des textes, des images et des vidéos. Cette logique est probabiliste : ce sont des perroquets stochastiques, c’est-à-dire imprévisibles. Lire aussi le décryptage | Article réservé à nos abonnés Les IA, des « boîtes noires » dont les chercheurs tentent de déchiffrer le fonctionnement Les IA génératives, capables de créer des documents imitant les traces du passé, instaurent ainsi une médiation nouvelle entre nous et notre histoire, fondamentalement différente de celle opérée par les archivistes, les historiens et les historiennes. Ainsi, une requête entrée pour générer une vidéo sur une résistante française active des motifs liés à la seconde guerre mondiale : l’apparition d’un soldatde la Wehrmacht est statistiquement pertinente, mais incohérente à la Libération. LÉA GIRARDOT / LE MONDE Il vous reste 52.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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